Février 2002
Thaïlande (3ème partie) ...
Chic ! Les vacances
On n’allait quand même pas
faire venir quelqu’un d’aussi loin pour ne lui proposer que de l’expédition
routarde… Les plages du sud de la Thaïlande comptent parmi les plus belles du
monde, nous le savons par expérience. Il y a treize ans de cela, notre de notre
petit périple en amoureux, nous nous étions retrouvés avec Sandra sur une
île quasi déserte de Malaisie, seulement occupée par un couple de jeunes
Anglais qui après nous avoir demandé si nous avions apporté avec nous de la
nourriture ( !), nous avait donné l’adresse d’une plage de rêve.
Railay Beach, à côté de Krabi, nous avaient-ils dit, vous verrez !
A l’époque, ce fut tout un
sketch pour nous y rendre, car personne ne connaissait cet endroit, même pas
les Thaïs que nous avions interrogés dans les parages, arrivés à Phuket.
Finalement, grâce à l’intervention
d’une sorte de Madone Thaï providentielle qui nous prit en pitié et nous
embarqua dans sa limousine, nous finîmes par atteindre cette adresse routarde
mythique.
Plage de sable blanc de blanc,
mer turquoise 28 carats, rochers couverts de végétation surgissant entre les
deux azurs, petits bungalows et unique resto de plage où l’on choisit son
poisson frais et ses gambas une fois gavé de sunset tropical… LE paradis.
Quelle ne fut pas notre
surprise de retrouver quelques années plus tard l’endroit mentionné dans le
best-seller international " La Plage ", puis de découvrir
en nous y rendant en pèlerinage
quelques années plus tard qu’un resort
top_luxe y avait été bati. Mais Railay restait encore ce qu’elle avait
été : THE beach. Depuis, le beau Leonardo di Caprio est venu y tourner l’adaptation
cinématographique du même best-seller et bungalows et prix en ont été
multipliés par dix. Krabi est aujourd’hui sur toutes les bouches, dans tous
les guides. Aussi avions-nous décidés que nous n’irions PAS à Krabi, (de
peur de gâcher le merveilleux souvenir) mais, une plage plus loin, comme dans
la pub pour Bounty : " découvreurs de paradis ".
Cela commence à Bangkok par
le train de nuit pour Surat Thani attrapé de justesse pour cause d’embouteillages,
puis bus pour Krabi et enfin bateau pour Koh Lanta où d’après notre bon
vieux " Routard " se dirigent désormais les gens qui fuient
les plages de Krabi…
Bon, bien sûr, à Koh Lanta,
il n’y a pas ces immenses rochers calcaires jaillissant de l’eau et faisant
penser à la baie d’Halong, bien sûr l’eau n’est pas aussi parfaitement
turquoise (inutile de le répèter toutes les dix minutes, Sandra), mais la
tranquillité est au rendez-vous. Nous plageons donc de bon cœur avec Didier
dont
les enfants, sortis de leur cure de lecture cambodgienne comme d’une
transe, viennent soudain de découvrir la présence à nos côtés. Ils ne le
lâchent plus (les jumeaux surtout) et Didier ne s’en plaint pas. Nous dormons
avec Hannah dans un bungalow (premier rang face à la mer, svp) et Didier avec
les deux affreux, ce qui engendre quelquse belles bagarres de réglage de la
clim, les garçons adorant jouer " au pôle nord ").
La plage à côté de la
notre, rapidement surnommée " Baba beach " aligne les
petits troquets aux drapeaux rastas et un sable nettement plus fin. Nous la
fréquentons donc entre deux virées à
> mobylette au village et l’inévitable
ballade à dos d’éléphant puisque Sandra (insatiable côté pachyderme) a eu
vite découvert que cela se pratiquait Aussi par ici ! En fait de bar, sur
Baba beach, on s’installe à la nuit sur nattes et coussins à même le sable,
éclairés par de petites lampes à pétrole et des lampions, les enfants
pourchassent les crabes alentour à la lueur de la torche, et nous, nous
discutons en contemplant le coucher de lune sur la mer. " Et si on se
faisait un petit bain de minuit ? " L’enfer quoi !
Enfer agrémenté deplatées
de crabes, gambas et poissons pour trois fois rien, arrosées de la découverte
du siècle : un blanc sec thaïlandais frère jumeau de notre
Muscadet !..
Le troisième jour, nous nous
offrons une virée dans les îles voisines, nageons lampe torche entre les dents
dans une caverne marine qui débouche sur une petite crique secrète et
repérons au passage un petit paradis (Ko Ngai) un peu plus isolé encore. Et
parce que la mer sait aussi danser, nous rentrons trempés comme des soupes. D’ailleurs,
" la mer " est la chanson préféré du patron de l’hôtel,
un vieux Chinois qui nous consent une ristourne sur les chambres parce que nous
(Didier) sommes allé lui chercher les paroles de la chanson et les lui avons
dictées pour qu’ils les note en thaï.
Un autre matin, nous trouvons
même le courage avec Hannah de nous lever à 6h pour aller tirer les filets à
l’aube avec un vieux pêcheur auquel nous achetons des crabes on ne peut plus
frais pour le repas du soir.
C’est à ce moment là qu’une
famille québécoise faisant également le tour du monde (quatre enfants !)
avec laquelle nous correspondons de temps à autre via internet nous
déclare : " Nous sommes là ! " - Où ça ?
– Là, à la réception de votre hôtel . Tout
ce petit monde parle
naturellement français. Joie des deux marmailles. C’est donc tous ensemble qu’après
conciliabule nous gagnons notre petite île robinsonnesque (Koh Ngai) toujours
à bord d’un " longue queue " (barque de mer dont l’hélice
est placée au bout d’une longue perche mobile). Nous recouvrons cette fois
les sacs d’une bâche et explorons avec impatience notre nouveau territoire.
Cadre : 17/20, Plage : 16/20, snorkel : 17/20, bungalows :
14/20, resto : 16/20… Bref, tout va bien. D’autant mieux que la veille,
je (Jérôme) me suis tapé une demi-journée de transport sous le cagnard pour
aller changer nos billets de train. Nous venons, d’un commun accord avec
Didier de décider de prolonger notre séjour dans les îles (et en Thaïlande)
d’une semaine !
Ce soir-là, les enfants
allument un énorme feu de camp qui ne s’éteindra pas de deux nuits. Encore
des mauvaises journées !..
Mais le temps des Québécois
est compté. Ils doivent filer sur Krabi puis Bangkok. Nous décidons alors de
céder au chant des sirènes (" Quand même, à Railay… ")
et de tenter notre chance sur les îles Phi phi qui ressemblent à Railay, ont
le goût de Railay… Erreur. L’île affiche " full booked "
et après nous être fait jeter d’un resort complet, nous peinons à dénicher
un bungalow sordide en fond de cour.
Quelle cohue aussi Phi
phi ! Et des attrape-touristes à chaque coin de rue avec ça. Seuls l’ambiance
des bars de plage et la mer de carte postale nous ragaillardissent un peu.
Alors, définitivement vaincus par le mélancolique chant des sirènes, nous
décidons de filer " quand même " sur Railay Beach.
L’endroit, certes, a changé
: familles et touristes aisés ont pris en bonne part la place des routards et
des quêteurs boutdumondistes, mais le cadre reste inégalable, le coucher de
soleil fabuleux et nous y passons deux dernières journées du tonnerre.
Cette fois, Didier doit
vraiment rentrer en France (faire son rapport à la famille).De notre côté,
nous ne pouvons raccourcir davantage notre séjour au Népal puisqu’il n’en
reste plus qu’une semaine ! La mer essaie bien de nous retenir, mais nous
connaissons à présent la chansonnette et avons emballé tous les bagages dans
de grands sacs poubelles. Nous, on est en maillot et on affronte les vagues
déferlantes qui trempent tout avec le sourire.
On se souviendra longtemps de
ces quinze jours passés ensemble avec l’ami Didier. Et pour dire la vérité,
sa venue a été providentielle. Après six mois passés dans une promiscuité
de chaque instant, notre couple avait pris un peu de jeu : frictions,
énervements, engueulades… Cette brise amicale nous a fait le plus grand bien.
Nous voici prêts à affronter
la froidure népalaise et sa guérilla maoïste.
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