Nous
avons été légers côté préparation. Arrivés à Tahiti en
provenance de l’Ile de Pâques à 3 heures du mat, nous regrettons
d’avoir annulé la chambre réservée depuis Paris. Nous sommes
nazes et il faut attendre 5 heures dans l’aéroport le prochain
avion pour les Marquises. Après des dizaines de parties de tarots,
nous apprenons que notre avion pour Nuku Hiva a deux heures de
retard… Compensation à toutes ces galères, il y a Le spectacle :
les atolls vus du ciel.
C’est comme survoler le paradis.
On
débarque à cinq aux Marquises pour douze jours. Sans nouvelles de Stéphanie
depuis deux mois. Sœur d’un copain d’une copine, on a échangé
deux fax, s’est parlé une fois au téléphone… Depuis, plus rien.
Quel accueil nous réservera Nuku Hiva dont nous apprenons à
l’instant que l’endroit où l’on vit se trouve à l’opposé de
l’île, joignable en deux heures de 4x4 ou en hélico depuis le
petit aéroport ?.. Pas très sérieux tout ça. Croire en sa
bonne étoile a des limites, non ?..
On
charge notre tonne de bagages dans deux 4X4 taxi (le chauffeur de
l’hélico a la Dingue. C’est normal, il y a une épidémie sur
toute la Polynésie en ce moment…ça promet). En chemin, nous découvrons
également que l’île est infestée de nonos (moucherons voraces qui
vous grignotent de minuscules bouts de chair et vous laissent à la
place d’infernales démangeaisons). Tandis que le taxi cahote à 30
km/heure sur des chemins défoncés dans la brume, Sandra envisage déjà
le retour…
Et
puis le taxi nous dépose devant chez Stéphanie… Son mari Teiki
nous accueille. Pas de problème, ils reviennent de quelques jours de
vacances de l’autre côté de l’île mais nous attendaient. On
entrepose les sacs, on fait manger les enfants, on organise le
campement.
Tous
les enfants veulent dormir ensemble sur la terrasse : les trois
notre plus Tehata (10 ans) et Téménino (6 ans). Une joyeuse bande.
On investit, nous, la chambre des enfants.
On
découvre vite que les Marquises ont un plus sur l’île de Pâques :
il y a les coqs, la nuit, mais aussi les chiens ! Concert
non-stop ou presque.
On
reste deux ou trois jours chez eux, hospitalité totale, tout en
cherchant un gîte. Mais les pensions visitées ne sont pas géniales
et les bungalows sympas occupés. Finalement, on opte pour la première
proposition de Teiki : investir son ancienne maison de bois, à
flanc de colline dans un quartier 100% marquisien. La confort est
sommaire, mais on est chez nous, la vue est très sympa et… c’est
gratuit ! Merci les amis.
Cette
cabane de Robinson devient vite la maison du bonheur en dépit des
coupures d’eau, des « cent pieds » (scolopendres rouges
venimeux de 15 cm) qui rodent et de la cacophonie canine, la nuit. Un
gros chat rouquin, sosie de notre bon Pitou, devient vite le chat
officiel. Poules, poussins et coq viennent picorer les miettes dans
nos jambes. Hannah est ravie. Et la lumière changeante sur les pics
environnants, superbe. Le bonheur vous dis-je.
Grâce
à la gentillesse de la directrice et des maîtresses, les enfants ont
passé une demi-journée à l'école du village pour voir comment cela
se passait aux Marquises (voir l'Ecole Buisonnière).
Pour
la première fois, on trouve un rythme assez satisfaisant intégrant
l’école des enfants. Ils étudient le matin sur la terrasse et
l’après-midi, on va à la plage ou chasser l’anguille dans les
ruisseaux alentour (cinq harponnées) ou encore visiter le superbe
site archéologique à côté (bourré de papayers chargés de
fruits).
Par
l’intermédiaire de Stéphanie et Teiki, nous rencontrons Fabrice et
Sylvie qui parcourent le monde sur leur voilier
"Citoyen
du Monde" depuis des années. Apéro à bord. Leur fils Tom
devient un bon copain et on s’inspire de son journal de voyage pour
en faire un nous aussi. Par l’intermédiaire de Fabrice, on
rencontre Christian et Marie-Hélène, la chirurgienne de l’hôpital
de Taïohaé, le village où nous sommes. Ils ont voyagé en Asie
durant 6 mois avec leur deux enfants qui suivaient les cours du CNED
également. Pour eux : pas d’alternative, il faut voyager à
mi-temps : 3h ½ d’école le matin et visites l’après-midi.
Cela nous refroidit un peu, mais ils nous apprennent également
qu’ils ne se consacraient qu’aux seuls Maths et Français. Le CNED
serait d’accord. On retient l’idée.
Les
Marquises, c’est une autre Polynésie : pas de grandes plages
de sables blanc, ni d’atoll corallien, mais des paysages sauvages de
montagne, des chevaux partout (les Marquisiens se baignent avec eux à
la plage) et encore très peu de touristes.
Sandra
et Hannah sont allé faire du cheval sur la crête des montagnes. Génial.
Et
puis ce matin, on est sorti en mer avec un pêcheur pour tâcher
d’apercevoir des dauphins. Banco par deux fois. Gégé et les garçons
ont même pu nager à côté d’eux quelques instants. On a aussi vu
d’énormes raies manta, c’était vraiment bien, puis il a fallu
rentrer car la mer devenait agitée. Séance de montagnes russes pas
piquées des vers et salaison en prime.
Voilà,
on ne regrette vraiment pas d’avoir ajouté cet épisode de douze
jours au programme et cela nous renforce dans l’idée de la nécessité
de se poser plus d’une dizaine de jours ici et là. D’autant qu’Ilan
nous a fait un gros coup de blues, réclamant ses copains de Marolles
et ne retrouvant la paix intérieure qu’après leur avoir envoyé un
long e-mail. On envisage donc sérieusement d’appeler copains et
enfants à la rescousse à l’une ou l’autre des vacances
scolaires…
A
noter : la vie ici est hors de prix : Chocapic à 30 francs
le paquet, jambon, bière et touti quanti au double du prix métropolitain
au moins. Explication : on ne peut pas être plus loin du monde
civilisé qu’ici et tous les bateaux s’en repartent à vide. Comme
les taxis qui vous font payer le retour de la course…
Pour
couronner les bonnes petites soirées que l’on a passé avec Stéphanie
et Teiki, on organise demain soir un grand four marquisien avant de
quitter le village pour le plus beau coin de l’île, la plage d’Anaho
où Mohi (une amie de Christian et Marie-Hélène) va nous apprendre
à chasser le poulpe avant qu’on ne reprenne la route (ou le ciel en
hélico !) de l’aéroport, quelques porcelaines et beaux
souvenirs dans la musette…