Hannah en a rêvé, nous l’avons
fait. De purs moments de bonheur

Canada, le prélude.
Ca y est, c'est parti ! Pas le Grand Tour, non, mais la mise en mouvement. Un
raid d'une semaine en chiens de traîneaux au Québec. Bon, d’accord, c’est
un voyage très " organisé ".
Là comme en Tanzanie,
difficile d’être véritablement autonome. La véritable aventure suivra. Mais
c’était LE rêve d'Hannah (impossible à "caser" dans le périple
lui même) et aussi une excellente occasion de tester l'organisation des bagages
et du matériel : ordinateur, caméra, etc.
Eh bien ça s'est magnifiquement passé. Les gens ont été adorables et on a
découvert plein de choses. C'est vraiment génial de parcourir la forêt et les
lacs gelés en file indienne à chiens de traîneaux.
Chouette début !
Nos cabanes au Canada.
Elles étaient petites, elles étaient rustiques, mais on les a adorées, nos
cabanes au Canada. 5 différentes au total. La première
faisait bien 20 m2. On
ne savait pas encore que c'était le grand luxe, le 5 *. Elle possédait même
un sauna au bord d'un torrent . La quatrième, une simple
tente, n'atteignait pas les 10 m2. Mais l'essentiel y
était tout pareil : un gros poêle à bois, une table et des couchettes
superposées.
Avec une différence de température de presque 10 degrés entre
celles du haut et celles du bas ! Les garçons préféraient celles du bas. Une aubaine !
Les vraies cabanes étaient en rondins plein (comme dans les livres d'enfants !)
avec des tas de manchons en bois plantés tout autour du poêle pour y
suspendre
les affaires mouillées . Jolie déco. Le plus dur avec le poêle était de doser les bûches. Deux de trop et il
fallait entrouvrir la porte car c'était l'étuve (surtout sur les couchettes du
haut). Dehors il pouvait bien faire - 35 ° C, mais à l'intérieur c'était
"pire qu'à la Martinique" (Ilan). Et du givre sur les carreaux avec
ça.
C'est que ça chauffe ces vieux monstres en fonte. L'un était daté de 1776.
Avant la révolution ! Il a du en voir passer des trappeurs... Et des poêlées
d’œufs au bacon, alors. On s'est régalé de peu, d'un bon peu.
Les chiens : une vraie rencontre
Au bout de deux jours les enfants
connaissent le nom de tous les chiens et ne laissent à personne le soin de les
harnacher, les nourrir, les câliner. Seule exception : le ramassage de
crottes qui se joue en parties de " pouilleux " acharnées
pour savoir qui s’y colle…

Tous les matins, Hannah fait sa tournée
pour donner à chaque chien sa dose d’amour en s’attardant sur Mazak et
Jessie, ses fidèles compagnons . Je suis sûre que dans
dix ans, elle se rappellera encore de Zak, Sproquette, Uroch, Einstein, Neige et
Brindille, les chiens de Patrick, notre guide, de John et Jeena, ceux d’Ilan,
de Vaillant et Luna, les chiens de Jules, Princesse, Balourd, Gueulard, les
miens ainsi que Vieux, Annabelle, Nours et Denise, ceux de Jérôme.
Quant à moi, il suffit que je ferme
les yeux pour sentir monter l’émotion pure : celle des
départs (une cacophonie d’aboiements de chiens fous d’excitation), ou
celle, plus rare, d’une bienheureuse solitude, quand dans la nuit cloutées d’étoiles,
j’entends leurs hurlements destinés à éloigner les loups.
Une journée type
Levés vers 6 heures, on enfile nos couches
de vêtements, toujours les mêmes (à part slips et chaussettes) pendant que
Patrick (le guide) et les enfants donnent à boire aux chiens, Jérôme tente de
nous préparer de délicieux œufs au bacon qui ont parfois un peu de mal à
grésiller sur le poêle à bois. Comme d’habitude, je m’occupe de ranger
sacs à dos et duvets et de récupérer gants, sous-gants,
moufles, cagoules et
bonnets avant d’affronter les –35° du dehors. Tout le monde se succède
dans les " toilettes sèches ", une grande fosse surmontée
d’un coffre en bois avec, luxe suprême, une véritable lunette de WC !
Puis on petit-déjeune de chocolat chaud et d’œufs au sirop d’érable (si,
si)
Arrive le moment de charger et de préparer
les chiens qui commencent à s’agiter. Une fois les harnais mis, la tension
monte, on ne s’entend plus dans le concert d’aboiements. Il faut pourtant
rester attentifs au signal du départ. Pieds sur le frein, une main
agrippée au
traîneau, l’autre prête à tirer la corde qui va libérer nos chiens, nous
devons absolument éviter le carambolage. Nous y arrivons presque…Que celui
qui ne s’est jamais trouvé coincé par une souche, avec deux chiens
déchaînés tirant à gauche et le troisième bondissant vers la droite, me
jette la première pierre.
Très vite, nous partons en file. Il faut
freiner dans les descentes, pousser dans la neige, trouver le bon équilibre
dans les tournants. Ca réchauffe..
Après deux heures de route, arrêt
pique-nique dans la forêt. Nous renonçons vite à poser des collets et nous
nous contentons des traditionnels sandwichs et saucisses grillées au feu de bois
pour nous nourrir (sauf Hannah qui n’accepte que les tartines de miel fumées
au feu). Pendant cette halte, Patrick fait régner la loi dans notre petit monde
animal en hurlant toutes les deux minutes un tonitruant
" Couché " de son bel accent canadien.
Nouveau départ, nouveau bonheur de glisser
dans de sublimes paysages. Après une trentaine de kilomètres, nous arrivons à
la tente ou au chalet. Et le rituel commence : attacher les chiens,
enlever
les harnais, décharger, couper le bois pour le poêle, chercher l’eau en
brisant la glace avec une vrille (je n’aurais jamais cru pouvoir accepter,
avant, boire l’eau d’un lac !). Puis on coupe à la hache la viande
congelée pour les chiens que les enfants distribuent sans compter. Enfin, on
met tous les gants, chaussettes et bonnets à sécher pendant que Jérôme
installe les duvets sur des couchettes sommaires.
Pendant que les plats congelés se
réchauffent doucement et que la nuit approche, nous attaquons les parties de
" pouilleux " ou " de trou du cul " qui
enverront les perdants aux corvées du lendemain. Muni d’une lampe frontale,
tout le monde rend une dernière visite aux toilettes sèches avant de sombrer
dans un sommeil "bercé" toutes les deux heures par les
ouououh ! de nos chiens presque loups.
Le guide
Patrick est un fou de nature. Il a étudié
la " fonde " (la faune, quoi).
L’observation des animaux
le rend très patient. On le voit bien avec les gosses (pardon les enfants. Au
Québec " gosses " désigne les " bijoux de
famille " !). Toujours adorable, il s’est désigné d’office
pour charger le bois pendant la nuit. C’est le meilleur.
Ambiance
On tenait l'eau du lac dans deux grands
seaux où l'on puisait directement à la louche ou au verre. Du cristal, cette
eau, mais du cristal teinté parfois, ambiance "rouille foncée" le
premier soir. "Excellent pour les rhumatismes" a affirmé Patrick,
notre guide. C'était sûrement vrai : on n'en a pas eu.

Jouer au "trou du cul" (le pouilleux local) assis autour de la lampe
à huile a aussi son charme et les duvets étaient douillets.
Quand tout était éteint, la nuit claire et incroyablement étoilée
s'encadrait dans les petites fenêtres. Le poêle rougeoyait par bouffées. Et
tout à coup les chiens se mettaient à hurler à la mort. Un doux, un poignant
appel jeté à travers l'obscurité. On était venu pour ça et cela se
réalisait. Mieux qu'en imagination. On s'endormait la dessus, les paupières
encore pleines de glissades. C'était bien.
Glisser sous une aura de soleil à travers
l’étendue blanche d’un lac gelé, secouer les arbres enneigés pour faire
une blague à celui de derrière.
Le cœur qui bat à tout rompre à chaque
départ. Les instants de bonheur se succèdent à peine entrecoupés de moments
de panique (lorsqu’Hannah chavire de son traîneau et s’enfonce en entier
dans la neige molle ou que Jérôme file à fond la caisse à gauche d’un
embranchement du sentier alors que nous avons tous tourné à droite…toujours
distrait).
Les garçons ont adopté Patrick et jouent
à la bagarre pendant qu’Hannah distribue caresses et mots doux à sa meute.
Nous sommes ensemble 24h sur 24h. Heureux.
Sandra
Comment faire un pique-nique par –20°
En sautant, tasser une aire de feu dans la
neige. Casser de grosses branches de bois sèches pour la base, puis rajouter
successivement, branchettes et brindilles avec des écorces de bouleau. Frotter
son couteau sur une pierre à magnésium pour faire jaillir des étincelles et c’est
parti. Il ne reste plus qu’à fabriquer les fourches pour griller les
saucisses au-dessus des flammes.
Le froid
Presque un mythe et beaucoup d’angoisse
pour rien. Certes, la température n’est jamais au dessus des –20°.
Pourtant bien couverts et toujours en activité, nous affrontons sereinement
neige et soleil glacé. Mieux, on aime.
Carte au trésor
Le plan de notre périple :

Au relais nous avons droit à un vrai sauna
canadien (30° à l’intérieur, - 30° à l’extérieur)
Au camp du Serpent, nous dormons dans un
grenier épuisés après 40 km de traîneau. Le record.
Dans la tente du lac à truite, les
garçons se sont gelés sur les couchettes du bas pendant qu’Hannah suait sur
celle du haut…
Au camp de la Dame, nous vivons la plus
ensoleillée et la plus froide journée du raid (- 40°)
Arrivée catastrophe au camp
Fraisier : les chiens d’Ilan arrachent le traîneau et foncent sur celui
d’Hannah.
Carambolage sérieux et
grand fou-rire (sauf pour Patrick qui a
bien du mal à rétablir l’ordre)
Bilan des bons plans : Nous étions
parfaitement équipé contre le froid grâce à Lowe Alpine et Cébé. Grand
Nord nous a vraiment concocté un voyage magnifique, du sur-mesure pour les
enfants. Les cartes et les jeux sur notre superbe ordinateur , prêté par
Compaq, nous ont sauvés la mise pendant les trajets et l’attente aux
aéroports.

Bilan des galères : Le retour a été
crevant. Pas de vol direct et le premier vol annulé ! Nous sommes recasés
une heure plus tard et galopons comme des fous pour attraper le second vol…
pour rien, lui-même était retardé d’une heure. Résultat une ambiance
" légèrement tendue " jusqu’au départ. Il nous reste
encore des progrès à faire pour être zen.
Ni bains chauds ni
douches pendant six jours. Ca manquait (un peu). La caméra déchargée par le
froid au moment de filmer l'instant idéal ...
Les
3 Totems
Totem Objet :
Le capteur de rêve.
Fabriqué
par les shamans (hommes-médecine) des tribus indiennes, on
l'installe à l'entrée du tipi ou
sur la fenêtre de sa chambre. Il filtre
les rêves, laissant passer ceux qui sont
agréables et retenant prisonniers dans ses filets les cauchemars. Hannah assure
que ça marche.
Totem Animal :
Le chien de traîneaux.
Le compagnon indispensable. De race Husky,
Samoyède et
Alaskan (souvent
métissées), il est d'un caractère
étonnamment doux (avec l'homme !). Son
grand bonheur est de tirer comme un fou. La
difficulté est de l'arrêter.
Quand ils se mettent à hurler à la mort tous
ensemble dans le silence de la
nuit, c'est carrément poignant.
Totem Humain :
L'Homme des bois.
Un
trappeur sommeille en chaque Québécois. le Canadien ne se
sent bien que skis, raquettes, motoneige
ou canoë sous lui. Dans la "sainte paix"
des bois. Comme au bon vieux temps. Et pour les histoires autour du
poêle, l'accent, est un grand bonheur.
Patrick, c'était notre " supère " guide.
La parlure québécoise.
L'accent québécois est un régal. On peut bien s'en réjouir sans complexe,
ils font la même chose de leur côté et trouvent l'accent français hilarant.
Et pour les expression imagées, ils sont forts aussi. En voici quelques unes
qui nous sont restées en mémoire :
- Il est dur de la comprendure = Il n'est pas très vif d'esprit.
- Elle a la baboune = Elle fait la gueule.
- Enerve moé pas le poil des jambes = Arrête de m'énerver.
- Enlève tes skis = Sois plus délicat.
- Il est allé changer son poisson d'eau = Il est parti uriner.
- Sacre ton camp = Laisse moi tranquille
- Tabernacle !! = Nom de Dieu de B... de M... !
- Il déparle = Il raconte n'importe quoi.
- Je suis tombé en amour = Je suis amoureux.
- Aïe, aïe, aïe, j'ai le flux = Ouille, ouille, ouille, j'ai la tourista.
- Tu étais dans la misère pour harnacher Balourd = Tu as eu du mal à
harnacher Balourd
- Tantôt = Tout à l'heure.
- Remets donc une bûche = Peux-tu monter le chauffage ? (en voiture)
Les sucettes au sirop d'érable.
Verser du sirop d'érable dans
une casserole posée sur le poêle à bois et faire chauffer pour rendre le
sirop bien liquide. Quand ça fume, sortir dehors en courant et criant
"chaud devant !!". Se diriger vers une plage de neige immaculée.
Verser le sirop liquide en longue estafilades dorées sur la neige. Enrouler
aussitôt le sirop qui reprend consistance autour de menus bâtons taillés dans
les buches. Entortillez le à la manière d'un sucre d'orge. Laisser refroidir
en plongeant les sucettes dans la neige. Sucer ou croquer ce pur délice selon
son inspiration. C'est génial.
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