L'australie

 

Novembre 2001

L'Australie aux forceps !

Mal conseillés, on n'avait prévu qu'un petit parcours de santé en camping-car entre Brisbane et Sydney, bref, la côte Est (leur côte d'Azur), le paradis civilisé des surfeurs.

Tout cela en trois semaines. Arrivés au Vanuatu, tous ceux qui connaissaient un peu l'Australie nous ont dit que notre programme était nullissime... Merci les copains.
Nous nous sommes donc retrouvés à devoir tout improviser à la dernière minute : décommander le camping-car, trouver des billets pour Ayers Rock, un camping-car là-bas, etc. A Port Vila (Vanuatu) on avait décidé de voir tout cela sur place, ce serait plus simple pensait-on.

A
u moins a-t-on pu profiter de Tanna sans trop de soucis.
Arrivés à Brisbane, les négociations reprennent : avec la faillite d'Ansett, la seconde compagnie aérienne intérieure australienne, l'affaire s'est encore compliquée. Qantas, en position de monopole pratique désormais les prix qu'il veut. Sandra se bat bien et nous obtient le meilleur prix possible, le tour opérateur Asia, est plus que jamais à nos côtés et nous sauve la mise par deux fois sur les histoires de camping-car, mais notre escapade dans le centre rouge va néanmoins pulvériser le budget.

Heureusement que l'interlude passé sur Moreton Island dès notre arrivée fut génial. Une île-parc naturel où l'unique hôtel est voué à la mer : voile, kayak, pêche et surtout, chaque soir, une bande de dauphins sauvages vient faire des bonds en tous sens autour du ponton en attendant de prendre dans la main des vacanciers le poisson tendu sous l'eau. Très sympa. Moins de les nourrir que de les voir faire les fous à deux mètres de vous au coucher de soleil.

L'autre galère, c'est qu'à force de faire semblant de perdre les cours des enfants, on les a vraiment perdus.
L'acte manqué d'Hannah (qui avait planquée la mallette scolaire à Tanna, récupérée de justesse avant de quitter le pays) était prémonitoire. Cette fois, personne ne la rapporte. Plus de Français pour le mois à venir, en attendant que le CNED, très cool sur cette affaire, ne nous renvoie les cours manquants.

Le bon plan, c'est que durant cette période de quelques jours difficiles, nous étions hébergés à Brisbane par une Australienne adorable pour deux francs six sous. Christine, haut fonctionnaire, accueille des étrangers pour le plaisir des échanges. Une adresse en or qui nous fut donnée par l'Alliance Française où nous avons fait une petite " causerie "…

Bon, établis dans notre camping-car, nous écumons les parcs animaliers de la région pour approcher kangourous et koalas, pratiquement invisibles sinon à moins de roder la nuit en voiture dans la campagne au risque de les écraser et de payer fort cher les réparations de la voiture…
Sûr qu'ils sont adorables tous et on en a bien profité, mais bon, des animaux dans un parc, ce n'est jamais pareil.

On descend la côte jusqu'à Sydney en une semaine dans notre maison mobile et pour dire la vérité, le charme n'est pas le même qu'en Nouvelle-Zélande. Pas de trampolines dans les camps et une ambiance bien moins chaleureuse. Il faut dire que beaucoup d'Australiens vivent à demeure dans ces camps, dans des tentes, caravanes et bus transformés en maisons.
Les loyers ici sont horriblement chers et l'Australie bien rattrapée par la crise économique.

Bref, pas de magie. Sauf à Nimbin, petit village de l'arrière pays où vit une communauté de hippies digne des 70'. Musée psychédélique extra, nourriture macrobio, musique dans la rue, pétition contre le nucléaire et pour la libéralisation du cannabis, fringues décalées, la totale. Un saut en arrière de trente ans qui a bien plu aux enfants comme aux parents …

Et puis Sydney, sa baie vraiment magnifique (prendre le ferry à tous prix), le quartier superbe de Bondi où une copine nous conseille un super hôtel bourré d'étudiants français (Bondi Lodge). L'Aquarium parce qu'il faut le voir à tout prix paraît-il (mais il n'est pas vraiment mieux que celui d'Auckland), puis on embarque pour Alice Springs, le centre rouge où on l'espère, l'Australie, la vraie va venir à notre rencontre.

35°C à la descente de l'avion. Pas mal pour un début. Un super campervan fourni à bon prix par nos copains de Nouvelle-Zélande Maui (les meilleurs) grâce à l'appui d'Asia et à nous le désert rouge et les Aborigènes !


Côté Aborigène, il faut vite se rendre à l'évidence. Si leur culture et leur art superbe (même les enfants ont été très sensibles à leurs tableaux magnifiques) servent aujourd'hui de porte-drapeau au pays et rapportent des millions de dollars à la vente (boutiques partout), eux ont été oubliés en route. A Alice Springs, ils errent comme âme en peine dans les rues, le plus souvent alcooliques et incapables de s'intégrer à un monde qui n'est pas le leur. Leur civilisation (la plus ancienne du monde : - 40.000 av JC) a été détruite par les colons et jusqu'en 1967, on enlevait les enfants des familles ( !) pour les mettre dans des camps anglophones d'intégration forcée. Une catastrophe.

Seuls quelques uns : artistes, organisateurs culturels, rangers, s'en sortent à l'heure où leur extraordinaire perception artistique de la nature et de la genèse du monde est en train de conquérir les foules.

Bref, un choc dans le mauvais sens. Mais aussi, à l'opposé, quel plaisir de découvrir ce qui fut leur territoire : ce désert qui n'en est pas un. C'est le bush, sorte de savane peuplée de reptiles et d'oiseaux. Des perroquets partout, des wallabies (kangourous miniatures) craquants, des lézards de toutes sortes…
Les rock wallabies surtout sont devenus nos copains. Sauvages, ils s'approchent quand même des campements où l'on parvient à les nourrir à la main et parfois à les caresser : le bonheur ! Les enfants ne s'en lassaient pas (super adresse pour ça : le Heavytree resort à Alice Springs).

 
On s'est fait plaisir en louant un 4x4 (Toyota Land Cruiser tant qu'à faire) une journée pour filer sur Palm Valley. C'était beau. Moins toutefois que King's Canyon gagné en campervan par la route (450 km). On y a réussi l'exploit de faire marcher les enfants durant 3 heures dans des paysages superbes, roches déchiquetées par le vent, à-pic, ocres et rouges mêlés, oasis paradisiaque où l'on plonge dans l'eau glacée après deux heures de crapahutage…
En plus, ce sont les enfants qui l'ont voulu. Eux que l'on arrive pas à faire marcher trois cents mètres ! Face à ma déception de ne pouvoir effectuer " la grande boucle " puisqu'ils n'aiment pas marcher, ils ont voté illico que nous partions en expédition. Il était 10h30 et il faisait déjà 35° C. Le panneau annonçait 4 à 5 heures de marche et préconisait un litre d'eau par heure et par personne. On est parti avec trois litres en tout. Il a fallu économiser (comme dans les films). Le chemin incertain, les défilés qui succèdent aux ponts suspendus sur l'à pic, l'aventure quoi. On a tous adoré. Les garçons ont bouclé le circuit en courant ! Trois heures pile et il nous restait de l'eau.

Et puis 400 km plus loin, voici enfin Uluru (Ayer's Rock en anglais). On arrive pile pour le coucher du soleil. 19/20. Comme à la parade. On vit une carte postale. Mais le vrai contact s'établit le lendemain. Quand on approche la bête. Car Uluru est un être vivant, vibrant, à la peau ridée, crevassée et blessée par endroits. Ilan s'est essayé à la méditation dans une niche propice…
On touche ce rocher titanesque dont personne ne sait comment il est arrivé là et l'on comprend que les Aborigènes ne souhaitent pas qu'on l'escalade.

D'ailleurs, la file indienne de gens encadrés par des gardes et se hissant le long d'une longue balustrade ne donne pas franchement envie. On s'est donc abstenu. Et là encore, on est resté sous le charme des peintures aborigènes exposées un peu partout.

Bon, puis les orages ont débarqué. Pas de coucher de soleil sur Kuta Tjuta (les Olgas) sœurs d'Uluru et aussi belles qu'il est puissant (sic). Sale temps pour le retour sur Alice Springs (encore une galère : devoir rendre le camping-car à Alice Springs et revenir aussitôt dans une voiture de location vers Uluru = 450 km, pour y prendre l'avion. Plus de places à Alice, etc.)
La ballade à cheval et la recherche de pierres semi-précieuses avec des prospecteurs tombent à l'eau sous les assauts des orages. Heureusement qu'il y avait les wallabies et cette ultime virée dans les vallées semi-désertiques des monts Mac Donnel : sources, gorges, carrière d'ocre (voir photo), très sympa cette fin de parcours.

Bon, mais il a quand même fallut qu'ils nous piquent notre super brown snake, le deuxième serpent le plus venimeux au monde. Une bête magnifique, ramassée en bord de route et mise dans une bouteille. Nous avons eu le tort de demander de l'alcool pour le conserver au Centre des Reptiles. " illégal ! ". Bon, on ne ramènera même pas un gros lézard jaune et or, il ne rentrait pas, lui, dans la bouteille (on avait décidé de récidiver en douce). Mais quand même quelques beaux souvenirs.

Tiens, si, le vrai bon plan de ce passage par l'Australie, c'est qu'on s'y est senti parfaitement bien ensemble. Et nous avons eu plus d'une dizaine de soirées peuplées de fou-rires quand nous étions entre nous. Les enfants sont en grande forme. On ne sait pas ce que sera demain, mais pour le moment, on est sûr qu'ils sont contents d'être là et qu'ils en profitent. Et ça c'est magnifique car c'est quand même d'abord pour cela qu'on est parti.
Ils sont bien ces gosses. Ils commencent même à s'intéresser (ou à mieux faire semblant) à quelques beautés qu'on leur montre…
Je dis ça et il y a deux minutes, Jules est venu lire au dessus de mon épaule et s'est écrié : " 19/20, Uluru, c'est 0/20 oui ! "
Ce garçon aime la provocation. Mais le pense-t-il vraiment. Je vais le lui demander en direct (ils sont en train de jouer tous les trois juste à côté dans la salle à manger de notre super petit hôtel).

Eh bien pour toute réponse, il vient d'écarter les doigts de sa main droite. " 5/20 ". Qu'en pense Hannah ? " d'abord Ilan ". Ilan : "9/20 parce que j'ai un peu réussi à discuter avec lui". Hannah interrogée de nouveau : " Ah ! si c'est pour le site, faut que je dise quelque chose de bien :  15/20 (mais en vérité c'est 5) "

 
Voilà l'ambiance ce soir. On a vraiment de la chance de vivre cela, je vous le garantis.

Fini le Pacifique. A nous l'Asie.
Merci encore à tous.


Bonnes adresses :
 

- Pension chez Christine Tonkin à Brisbane (Une haute-fonctionnaire qui ouvre sa grande maison et sa table aux étrangers de passage pour 2 francs 6 sous pour le seul plaisr des échanges :  298 Payne road, The Gape, Brisbane. E-mail : ctonkin@gil.com.au
 
- Tangalooma Resort, bien sûr, sur l'île de Moreton en face de Brisbane (cher mais on peut y aller, juste en passant). Pour approcher les dauphins sauvages au plus près. Ils font leur show tous les soirs (mais seuls les résidents peuvent les nourrir, le ferry repartant avec les "visiteurs" avant l'heure du repas.
 Tangalooma Wild Dolphin Resort . Moreton Island. Brisbane. Queensland. Australia. Tél. : (07) 3268 6333. E-mail : bookings@tangalooma.com Site : www.tangalooma.com
 
- Super hôtel à Bondi, quartier le plus sympa de Sydney. Tenu par des Maoris de Nouvelle-Zélande avec pas mal d’étudiants français qui y vivent à demeure, demi-pension donnée, terrasse et personnel du tonnerre : le Bondi Beachhouse. A l’angle de Fletcher et Dellview street. Tél 02 9365 2088 ; mail : bondi@intercoast.com.au
- Le parc de séjour de Heavytree Resort, à l’entrée d'Alice Springs (bungalows ou site pour campervans). Ce n’est pas le plus confortable mais les rock wallabis sauvages descendent tous les soirs vous manger dans la main. Tout simplement génial pour les enfants.

 

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